1 250 nouveaux Syriens fuyant la répression sont arrivés en territoire turc ces dernières vingt-quatre heures selon l'agence de presse turque semi-officielle Anatolie, qui précise que depuis le début de la contestation en Syrie, il y a trois mois, ce sont 1 777 réfugiés au total qui sont pris en charge par le Croissant-Rouge, à Yayladagi (province de Hatay) après avoir passé la frontière nord-ouest de leur pays.
Pour l'heure, seule une centaine de tentes ont été montées, sur six hectares, mais 900 autres sont prêtes à l'emploi, selon des chiffres fournis fin avril par le Croissant-Rouge, qui mentionne aussi 8 500 couvertures et des équipements de cuisine pour 10 000 personnes.
LE SOUVENIR DU MASSIF EXODE KURDE
Ces derniers jours le rythme des arrivées s'accélère. Et Ankara ne veut pas revivre le drame de l'exode massif des Kurdes d'Irak en Turquie, en 1991. A cette époque, les forces de Saddam Hussein avaient lancé une vaste offensive contre ce peuple dans le nord du pays. Des centaines de milliers de Kurdes d'Irak avaient fui en Turquie, qui débordée, avait laborieusement tenté de venir en aide à ces populations, avec l'aide internationale. Mais des dizaines de réfugiés étaient morts de maladies et de blessures.
"Nous avons pris toutes les précautions nécessaires à la frontière", a cependant affirmé, mercredi, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, soulignant que la situation était pour le moment "sous contrôle". Et le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que les frontières de la Turquie restaient ouvertes aux réfugiés syriens.
POSITION INCONFORTABLE D'ANKARA FACE À DAMAS
"Sous contrôle", la diffusion des informations l'est également : impossible pour les journalistes de pénétrer dans le camp. Tout juste peut-on apercevoir, entre les grilles, quelques fillettes syriennes faire de la balançoire. Même le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés n'a pas été convié dans l'enceinte, selon un des ses responsables.
Hors de question également de parler avec les réfugiés qui viennent de franchir la frontière : ils sont immédiatement pris en charge par des unités de gendarmerie, qui dirigent les personnes valides vers le camp, les blessés vers des hôpitaux, où la consigne est de ne pas admettre la presse.
C'est que la Turquie, qui a aboli les visas avec la Syrie, se trouve dans une position inconfortable : la capitale turque a noué ces dernières années des liens étroits avec Damas, et elle redoute la chaos qui pourrait s'installer chez son voisin en cas d'une chute de Bachar Al-Assad. "Le gouvernement turc ne veut pas trop parler de ce qui se passe ici parce qu'il a peur qu'Assad lâche sur la Turquie les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan)", avance un dissident syrien installé à Antakya, parlant sous couvert de l'anonymat.
RAPPORTS ALARMANTS
Le chef du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a jugé très préoccupant le grand nombre de Syriens qui fuient la répression, et souligne la nécessité d'aider ces réfugiés en Turquie, mais aussi dans le nord du Liban, où cinq mille réfugiés syriens au moins ont été dénombrés depuis avril.
Navi Pillay, haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, a appellé, jeudi, les autorités syriennes "à cesser leurs attaques" contre leur peuple. "Nous recevons un nombre croissant de rapports alarmants indiquant les efforts continus du gouvernement syrien pour écraser impitoyablement les manifestations civiles", affirme-t-elle dans un communiqué. "Il est tout à fait déplorable qu'un gouvernement essaie de soumettre sa population par la force, en utilisant des chars, de l'artillerie et des tireurs d'élite", a-t-elle ajouté.
Mme Pillay exhorte ainsi Damas "à cesser ses atteintes aux droits les plus fondamentaux de son propre peuple". De son côté, le Conseil de sécurité des Nations unies a commencé à débattre d'un projet de condamnation de la répression en Syrie.
Recevant le nouvel ambassadeur de Syrie auprès du Saint-Siège, Hussan Edin Aala, le pape Benoît XVI a pour sa part demandé aux autorités syriennes la "reconnaissance de la dignité inaliénable de la personne humaine".
lemonde
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